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Réflexions sur le bâtiment

Lu récemment dans Constructif:
Le bâtiment, reflet ou expression d’une civilisation (Bertrand
LEMOINE, architecture et ingénieur, directeur de recherche au CNRS et directeur de la revue « Architecture Acier Construction ») – n°17 – juin 2007 .

…le bâtiment le plus banal, voire le plus médiocre, exprime aussi quelque chose de son époque. Les toits obligatoirement en tuile canal des maisons du Midi ou les faux colombages de la côte normande sont aussi l’expression des doutes et des peurs de notre époque. Les boîtes à chaussures des centres commerciaux ne font qu’exprimer l’envie de consommer moins cher qui fait leur succès populaire. Les immeubles de rapport insipides flattent le souhait de banaliser les placements des propriétaires et de mieux s’inscrire dans le marché du logement. Le banal, l’ordinaire, et même le laid sont aussi la marque de notre civilisation industrielle.

…les technologies du bâtiment sont presque rustiques par rapport à nombre d’autres domaines. On peut même dire que le secteur du bâtiment est l’un des plus traditionnels de ce point de vue. Même le monde agricole a davantage intégré la mécanisation, les grandes échelles de production, fût-ce au prix de la pollution des nappes ou des sols. Le bâtiment a certes accepté, avec lenteur, de multiples innovations technologiques, que ce soit l’usage de composants préparés en usine ou en atelier (la plaque de plâtre, le béton prêt à l’emploi, les éléments en béton préfabriqués, les fenêtres industrialisées, les charpentes métalliques façonnées en atelier, les fermettes en bois industrialisées…), le développement des outils de chantier (les grues, les coffrages métalliques, les outils portables tels que visseuses ou cloueuses…) ou les méthodes de planification et d’organisation des chantiers. Mais le travail y reste encore artisanal, avec beaucoup de manutention, de pose, d’assemblage, dans une ambiance de désordre, d’approximation, loin de la taylorisation de la production industrielle. Sans doute la force d’inertie des technologies du bâtiment va-t-elle de pair avec la lenteur de l’architecture et exprime-t-elle une sorte de résistance ou de frottement face aux mutations du monde moderne.

Les entreprises du Bâtiment vendent leurs prestations  »service compris » (Pierre
RIVARD, consultant de Stravia, cabinet d’études et de conseil en management stratégique) n°15 – octobre 2006 :

Ce qui a changé, c’est la part en sus du chantier proprement dit que l’entrepreneur prend à sa charge. Il peut s’agir des services évoqués précédemment : conseil, coordination, suivi, entretien, petits dépannages ; il peut s’agir aussi de services que le client a, de tout temps, attendus mais qu’il se plaignait de ne pas voir assurés, comme, par exemple, le nettoyage des chantiers, chaque soir, lorsque le chantier a lieu dans des locaux habités. La prestation globale de l’entrepreneur s’enrichit ainsi, sous la pression de la demande, d’une valeur ajoutée qui s’étend au-delà du chantier lui-même. Mais les entrepreneurs – et, probablement, les clients (?) – ne sont pas prêts à isoler cette valeur ajoutée pour la facturer. (…) le service fait partie des investissements que l’entrepreneur mutualise dans les prix unitaires qui lui servent à établir ses devis de chantier, au même titre qu’il mutualise les aléas entre différents chantiers pour tenter de rester dans les forfaits qu’il a annoncés. Dans ce cas, la prestation est souvent assurée en « temps masqué », soit par l’entrepreneur lui-même, soit par un compagnon polyvalent.

…divers freins se conjuguent pour expliquer qu’elles ne vont pas au-delà de l’adaptation à la demande évoquée précédemment et du développement d’un « esprit de service ». Citons les plus importants :
• L’identité culturelle : ce que vend l’entrepreneur principalement c’est le chantier et, plus précisément, la partie du chantier correspondant à son corps de métier. C’est ce qui fait valeur pour la majorité d’entre eux. Tout ce qui s’éloigne du chantier va être considéré comme annexe et en dehors du métier.
Ceci est vrai des fonctions de coordination ou de service après-vente à l’issue du chantier. Mais c’est encore plus vrai si on s’éloigne du chantier pour traiter la préoccupation globale du client. L’exemple du financement est caractéristique de cette difficulté : pratiquement, aucun entrepreneur n’accompagne son devis d’un dossier de financement : le financement, ce n’est pas son métier.
• Structurelle : la spécialisation en corps de métier a donné l’habitude de segmenter les prestations en lots. Or, une partie du service consiste, précisément, à partir du problème du client, abstraction faite de la manière de le traiter. Cette pratique laisse la place à des « no man’s land » de prestations plus ou moins bien assurées (coordination, nettoyage, contrôle…). La difficulté de réguler la gestion des déchets illustre les conséquences de cette structuration.
• L’organisation du travail : il est difficile de concilier une gestion rigoureuse du planning des compagnons sur les chantiers et la délivrance d’un service dès lors que celui-ci s’apparente au SVP. Proposer un service à un prix abordable suppose un effet de taille pour disposer d’un volant de polyvalents qui partagent leur temps entre service et chantiers.
A ces différents freins s’ajoutent, actuellement, un effet conjoncturel. La préoccupation majeure des entreprises concerne la disponibilité d’une main-d’œuvre capable d’assurer la production des chantiers qu’ils ont déjà vendus.

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